Le label Gqom Oh! dédie sa onzième sortie au jeune prodige sud-africain Citizen Boy avec une compilation de 13 morceaux produits entre 2013 et 2019. Le cofondateur des Mafia Boyz a répondu à nos questions.
Utiliser le mot « rétrospective » pour un artiste aussi jeune peut à première vue sonner prématuré. Gqom Oh! a néanmoins décidé de rappeler au monde que Citizen Boy est l’une des fiertés de Durban et d’Afrique du Sud en général en matière de musique électronique. Membre fondateur des Mafia Boyz et aujourd’hui membre actif du label, Citizen Boy n’avait alors que treize ans quand il découvrit Fruity Loops et fut exposé aux premiers tubes gqom. Influencé par la house et le kwaito, Citizen Boy s’inspire des cultures zoulous pour se forger une personnalité sonore sombre, brute et minimaliste. À peine sorti de son œuf, il devint néanmoins rapidement une référence internationale, attirant l’attention des géants Kode9 ou Kanye West, et offrant une bande-son à Nike pour une campagne Jordan. Célébrant à la fois les débuts du label et ceux de ces kids d’Avoca Hills, la mixtape contient sept classiques et six inédits, l’occasion de s’offrir un retour aux sources tout en assurant leur mission première, présenter le son des townships de Durban à une audience internationale plus large.
Tu viens tout juste d’entamer la vingtaine et tu sors déjà une rétrospective. Que voulait montrer le label avec cette mixtape ?
Le label voulait montrer la progression de ma carrière musicale, en mettant en avant ce que j’ai pu produire de 2013 à aujourd’hui. Sur la pochette des cassettes, on peut lire « esedlule » (le passé), « okwamanje) (le présent) et « ikusasa » (le futur). C’est écrit dans ma langue, l’isiZulu.
Quand tu écoutes tes productions qui datent de 2013, comment perçois-tu l’évolution de ta musique à travers ces premières années ?
Je dirais que mon son a considérablement évolué. Quand je compare ma musique d’aujourd’hui avec celle de 2013 lorsque j’ai commencé à utiliser Fruity Loops, il y a une énorme différence. À l’époque, je ne savais pas ce que je faisais, c’est pourquoi mes morceaux sont minimaux, avec beaucoup d’espace. L’arrangement de la chanson se faisait un peu au hasard. Je peux comparer mon morceau « Uhuru » par exemple. Je l’ai fait en 2013, il est très minimal et aléatoire comparé à « Dark city » que j’ai fait en 2017, même s’il n’y a que quatre ans de différence entre les deux.
Ta musique est sombre et puissante. On sent que tu n’as pas besoin d’y ajouter de la couleur, pour la rendre plus mainstream par exemple. Comment expliques-tu cette orientation ?
Quand je produis de la musique, j’ai tendance à laisser mes sentiments me porter. Je produis ce que je ressens. Je pense que la plupart du temps, je me sens sombre à l’intérieur car la plupart de mes chansons sonnent de cette manière, tendues et agressives. L’environnement a aussi de l’effet sur moi. J’ai tendance à baisser la lumière de mon studio pour calibrer mon humeur.
Quel futur peux-tu voir pour le Gqom ? Essaies-tu de le façonner et de l’imaginer dans ton rôle d’artiste et de directeur artistique de Gqom Oh! ?
Le gqom devient mainstream ! En tant qu’artiste, je continuerai de produire et de sortir des tracks pour répandre la vague gqom autour du globe. Je dois aussi chercher de nouveaux bons artistes pour les futures sorties du label, et je prépare également de nouveaux projets et compilation en tant qu’A&R (Artists and Repertoire) du label.
La mixtape sortira le 31 janvier 2020 sur Gqom Oh! Précommandez-la ici.